Drink Different, le projet « Alcool en milieu étudiant » est un projet de Réduction des Risques liés à la consommation abusive d’alcool en milieu étudiant bruxellois. Il est subsidié par la COCOF depuis l’année académique 2013-2014.
L’objectif général est une normalisation des réflexes santé liés à la consommation d’alcool en milieu étudiant et donc, à terme, une diminution des prises de risques et des accidents liés à la consommation en milieu estudiantin bruxellois.
Contexte
Ces dernières années, plusieurs constats quant au rapport que les jeunes ont à l’alcool et aux habitudes de consommation ont été observés :
1. Un rajeunissement des premières consommations
2. Une féminisation des consommateurs
3. Une plus grande recherche de l’ivresse et ce, de manière rapide. Cela se traduit par les phénomènes de binge drinking et de présoirée à l’alcool fort
4. Une banalisation, voire une valorisation, de la cuite
Ces constats ont pu être confirmés sur Bruxelles au travers d’une enquête menée auprès de 2972 étudiant.es de l’Université libre de Bruxelles. Parmi les résultats disponibles, voici quelques éléments concernant l’alcool au sein du milieu universitaire :
96,6% des étudiant.es consomment des boissons alcoolisées.
46,6% consomment de la bière au moins 2 à 3 fois par semaine. Il.elles consomment en moyenne 16,6 verres par semaine : 21,9 verres pour les garçons et 12,5 verres pour les filles.
96,1% des étudiant.es affirment consommer des boissons alcoolisées uniquement en groupe et 98,8% déclarent que les amis avec qui ils font la fête en boivent aussi.
70,2% estiment que leur consommation a augmenté́ ou fortement augmenté depuis leur arrivée à l’université.
44,5% des étudiantes estiment que leur consommation se situe dans la moyenne des autres étudiants de l’université, 14,7% estiment qu’elle se situe au-dessus.
La socialisation (améliorer l’ambiance, rendre les activités plus amusantes) et la stimulation (trouver cela amusant, aimer la sensation de l’ivresse) sont les motivations les plus fréquemment invoquées par les étudiants pour expliquer leur consommation de boissons alcoolisées.
Comment ? et avec qui ?
1. Inclure l’ensemble des acteurs
Toutes les actions menées dans le cadre du projet sont participatives.
En outre, le projet repose sur la méthode de prévention par les pairs : des étudiants, organisateurs d’activités festives ou investis dans un Cercle étudiant, formés à la Réduction des Risques, sensibilisent et informent d’autres étudiants lors d’interventions. Les bénéfices sont doubles. Premièrement, les messages sont portés par des pairs du public cible : ils fréquentent le même campus, sortent aux mêmes endroits, ont un langage commun, etc. Ils ont un contact plus facile avec le public et sont plus à même de faire passer des conseils de Réduction des Risques. En outre, la prévention participative reconnaît les étudiants comme des acteurs santé, partenaires incontournables du projet. On opte ainsi pour une responsabilisation: par rapport à soi-même (limiter les risques pour sa propre santé) et à autrui (prendre soin des autres et éviter de mettre en danger autrui).
2. Agir globalement
Pour être efficient, il est nécessaire d’agir globalement, d’adopter une stratégie multifactorielle incitant notamment à la construction d’un environnement favorable, facilitant l’accès à l’information ou encore le développement des aptitudes nécessaires pour un choix individuel éclairé en matière de consommation d’alcool.
Au-delà de leur propre champ d’action, la promotion de la santé et la Réduction des Risques doivent également s’inscrire dans une politique globale et donc être complémentaires avec d’autres approches y compris réglementaires et répressives : législation sur la vente d’alcool, réglementation de la publicité, contrôle pour la sécurité routière, etc.
3 Travailler au sein des milieux de vie
L’approche par milieu de vie a été choisie car elle permet d’aborder une situation de manière globale et non pas ciblée uniquement sur un problème particulier. De plus, pour toucher un public cible, il est nécessaire d’intervenir là où il se trouve. Le projet va directement à la rencontre des étudiants sur leurs lieux de vie. Que ce soit le campus où se trouvent les locaux des Cercles et où sont organisées les activités festives, ou des salles de fête où se déroulent les soirées, ce cadre décontracté facilite le contact avec les étudiants.
Par ailleurs, chaque campus possède ses infrastructures et son mode d’organisation, desquels découlent des pratiques festives particulières. En dehors des risques qui peuvent être pris en milieu festif de manière générale, des risques et des solutions spécifiques peuvent donc apparaître en fonction du contexte.
4 Suspendre le jugement, sans banaliser l’usage
Comme professionnels de la santé, il n’appartient pas de poser un jugement moral sur la consommation de produits psychotropes ou sur les pratiques des personnes. Les prises de risques associées peuvent avoir un sens pour les usagers même si celui-ci nous échappe. Pour assurer leur participation, il est essentiel que le projet s’adresse aux étudiants dans une démarche de non- jugement. Il est recommandé d’employer un ton non moralisateur qui ne soit pas incitant mais objectif et clair, sans toutefois banaliser la consommation. Ce principe de base de la Réduction des Risques semble a priori facile à appliquer mais le responsable de projet est régulièrement amené à se remettre en question. Il doit rester attentif à tout moment à employer un ton neutre, à éviter le jugement et l’interventionnisme, mais aussi à rester objectif et constructif en proscrivant les discours alarmistes et banalisants.
Concrètement
À partir des constats issus du diagnostic, des actions de terrain sont élaborées en collaboration avec les acteurs clés (Direction, membres du personnel, étudiants, partenaires associatifs).
Actuellement, Modus Vivendi collabore avec 3 établissements d’enseignement.
Dans chacun de ces établissements, le projet s’adapte aux besoins et aux idées des acteurs impliqués :
– Université Saint-Louis : création et lancement de la campagne « Drink different » (affiches, flyers, mascotte, journée de sensibilisation, coin safe en soirées, etc.)
– Haute-école Lucia de Brouckère : mise en place et visibilité des services (eau gratuite, préservatifs), sensibilisation aux nuisances sonores pour le voisinage, etc.
– Université Libre de Bruxelles : création et lancement de la campagne « Ça m’saoûle » (affiches, journées de sensibilisation, mise en place et visibilité de services)